II.
Dépistage de certains cancers.
1) DEPISTAGE DU
CANCER DU SEIN
La mammographie
La mammographie est une technique de radiographie,
permettant de détecter des images anormales qui pourraient être en rapport avec
un cancer du sein. Elle consiste à étudier les deux glandes mammaires après les avoir « photographiées »
en intégralité (de face et de profil) à l’aide de rayons X. L’appareil utilisé
s’appelle le mammographe : il est composé d’un tube
a rayons X et d’un système de compression du sein.
L’examen est réalisé par un
spécialiste en radiologie.
Déroulement de
l’examen :
Tout d’abord la patiente
est priée d’enlever une partie de ses vêtements pour permettre la photographie
de ses deux seins. Mais avant de la réaliser le spécialiste procède à la
palpation (autre technique de dépistage) manuelle des seins qui permet
de dresser un premier bilan. Par la suite les seins l’un après l’autres seront
photographiés de profil et de face tout en étant compressé par le mammographe.
(Les seins sont compressés progressivement de manière à permettre la
photographie interne du sein). Après l’examen les clichés sont étudiés par des
spécialistes et les résultats sont envoyés au médecin traitant.
Les avantages :
Cette technique est
particulièrement bien adaptée pour déceler des anomalies avant même qu'elles
n'aient provoquées des symptômes détectables à la vue ou à la palpation. Elle
peut permettre, ainsi, de détecter des cancers bien avant qu'ils n’atteignent
un stade très avancé.
Le dépistage mammographique
a fait les preuves de son efficacité. Les résultats de nombreuses études ont
montré que cet examen permet de réduire de 30 % les complications du cancer du
sein chez les femmes qui participent aux programmes de dépistages.
Par contre, avant la ménopause, le dépistage systématique
n'a pas fait les preuves de son efficacité, car les anomalies suspectes minimes
sont plus difficiles à sélectionner, et les inconvénients, comme les biopsies
inutiles, paraissent supérieurs à ses avantages, excepté pour les femmes ayant
un risque particulier (antécédents familiaux…), qui doivent être
particulièrement surveillées.
La palpation
La palpation est une technique se réalisant directement a
la main par le médecin ou la patiente elle même. Cette technique est souvent
utilisée pour dresser un premier bilan plutôt imprécis vu que l’on ne fait que
« sentir » l’intérieur du sein. De même lorsque l’on sent quelque
chose, cela ne signifie pas que « la tumeur » soit cancéreuse. Mais
cette technique permet tout de même de surveiller le sein d’une patiente.
L’avantage de cette technique est que celle-ci peut être exécutée par la
patiente elle-même chez elle sans se déplacer.
Mais cette technique est de
plus en plus critiquée car d’après de récents sondages menés par des Canadiens,
les femmes pratiquant cette technique ont autant de cancer du sein que les
femmes ne la pratiquant pas et le découvrent à un stade identique que celles
qui ne pratiquent pas la technique. L’efficacité est donc remise en question
par rapport aux autres techniques.
Car pour détecter la tumeur,
il faut que celle-ci mesure de 1 à 1.5cm : on ne parle donc plus de
dépistage mais d’un diagnostique précoce. De même certaines femmes, en sentant
une « chose » qui n’est pas forcément une tumeur vont faire des
mammographies et biopsies inutiles.
Cette technique consiste à prélever du corps du patient
un morceau de tissu d’un organe afin de pouvoir l’étudier de manière plus rigoureuse.
Cela permet d’étudier les cellules de l’organe et de pouvoir affirmer avec des
arguments s’il faut commencer un traitement ou si rien n’est nécessaire. Dans
le cas des cancers, la biopsie est exploitée par l’histologie qui consiste a
étudier la composition, la structure, le renouvellement des tissus, ainsi que
les échanges cellulaires en leur sein. Cette opération se déroule de plusieurs
manières :
-l’organe cible est
facilement atteignable -> on réalise l’opération directement a l’aide de ses
propres yeux.
-l’organe cible est très
difficile d’accès -> on les réalise alors sous contrôle d’un scanner (ou tomodensitométrie) ou d’une échographie qui permette de visualiser correctement
les organes visés et de pouvoir réaliser le prélèvement sans risques majeurs.
Trois techniques sont utilisées pour
l’étude de la prostate :
-le
toucher rectal
-la
biopsie
-le
dosage biologique de marqueurs (voir 3))
Toucher rectal
Cette technique est réalisée par le médecin uniquement,
le patient étant incapable de la réaliser. Celui-ci glisse un doigt dans l’anus
du patient afin de palper directement la prostate et de pouvoir étudier la
taille de celle-ci. Si celle-ci est trop grosse, le patient à de fortes chances
d’avoir un cancer.
L’avantage de cette technique
est la sûreté et sa capacité à prévenir des risques si il en existe un, et de
poursuivre avec d’autres tests.
La biopsie
Comme pour le cancer du sein, la biopsie consiste a
prélever un morceau (carotte) de la prostate et de l’analyser avec les
différentes techniques déjà présentées
précédemment.
C’est la seule technique
permettant de fixer un diagnostic sûr et exact assurant le patient si il est
cancéreux ou non.
L’étude de la prostate se résume donc par deux techniques
laissant de l’incertitude et une
technique dressant un diagnostique clair et concis : la biopsie.
3) LES MARQUEURS
(POUR BON NOMBRE DE CANCERS)
Les marqueurs sont des substances introduites dans
l’organisme et facilement identifiables grâce à des propriétés
particulières : fluorescence, radioactivité, coloration, ... . Dans le cas
du cancer, on libère dans un prélèvement sanguin des anticorps, spécifiques des
marqueurs tumoraux, souvent couplés avec des enzymes,
des fluorochromes, ou encore des microparticules d’or !
On dit que la révélation est directe lorsque l’anticorps
est directement couplé un révélateur. Elle est indirecte dans la mesure où
l’anticorps (de lapin par exemple) est couplé à un autre anticorps, qui lui
porte le révélateur.
Ces méthodes peuvent déceler la présence d’un cancer dans
l’organisme le plus tôt possible avant que la tumeur ait pu se réveiller ou
être détectée par radiologie, palpation,... .
Les principaux marqueurs utilisés sont :
-
pour
le cancer du sein : le CA 15-3 qui est plus un outil de diagnostic en cas
de rechute ou pour suivre l’efficacité d’un traitement
-
pour
le cancer de la prostate : le PSA, un antigène dont l’augmentation du taux
permet de détecter ce type de cancer à un stade précoce.
La méthode immunoenzymatique
(ou ELISA) : Cette méthode est la plus courante concernant les
marqueurs. Dans la technique de dosage
dite "en sandwich", les puits d’une microplaque sont tapissés avec un
anticorps de capture capable de lier spécifiquement l’antigène recherché. Lors
de cette opération appelée coating, l'anticorps de capture se fixe au
plastique des puits par interaction électrostatique. Un deuxième anticorps, l'anticorps traceur, capable de
se lier à l'antigène capturé est alors ajouté dans le puits et les anticorps
traceurs non fixés sont éliminées par rinçage. L'anticorps traceur est couplé à
une enzyme catalysant la formation d'un produit coloré de
façon à ce que son site actif ne soit pas modifié (sinon l’enzyme deviendrait
inactive). Un substrat est ajouté, les réactions entre l’enzyme et le substrat
vont pouvoir se faire.
La
réaction la plus utilisée est celle de l’enzyme « Horseradish peroxydase » (ou HRP) avec son
substrat de « Pyrogallol » (de formule C6H6O3). Le produit formé est
le purpurogallin (de formule C11H8O5) de couleur orange vif. L’équation de la
réaction est la suivante :
2 C6H6O3 + H2O2 →
C12H8O5 + 3 H2O
HRP
Après
un certain temps d’incubation avec le substrat, la réaction enzymatique est arrêtée par l’addition d’un acide ou d’une
base forte qui dénature l’enzyme, pour éviter une coloration trop forte pouvant
empêcher l’analyse. Le prélèvement est ensuite analysé par méthode quantitative
(par comptage, ici des antigènes colorés en orange).
Il existe quelques autres enzymes catalysant une telle
réaction comme l’enzyme glucose-6-phosphatase, qui peut se trouver dans le
foie.
L’immunofluorescence :
Le principe de cette méthode est la même que pour l’ELISA sauf que l’on
remplace l’enzyme par un fluorochrome. L’échantillon est ensuite observé au
microscope traversé par de la lumière ultraviolette.
La fluorescéine,
qui compose le fluorochrome, absorbe les radiations ultraviolettes (maximum
400nm) et restitue une fluorescence verte (maximum 520nm). En présence de
marqueurs tumoraux, ces dernières apparaîtront vertes. Dans le cas inverse,
quasiment tout l’échantillon apparaîtra vert.
Animation immunofluorescence (cliquer sur le lien pour visionner l’animation).
Place du spectre d’absorption et d’émission de la
fluorescéine.
4) LA SCINTIGRAPHIE
(OU GAMMAGRAPHIE)
La
scintigraphie est une méthode assez semblable à celle
des marqueurs. À un anticorps donné, spécifique d’un antigène précis
(caractéristique d’un type de tumeur/métastase), est couplé un isotope
radioactif émettant des rayonnements gamma (donc des photons et correspondant à
une longueur d’onde inférieure à 5pm !). Le plus souvent, on utilise de
l’iode 131 ou 132.
Cet anticorps radiomarqué est ensuite injecté dans la
circulation générale du patient et va alors reconnaître et s’accrocher sur les
cellules des organes exprimant l’antigène.
Grâce à une caméra détectant les rayonnements gamma
(gammagraphie), une image générale du patient sera obtenue avec d’éventuels
foyers de marqueurs antigéniques, ce type d’analyse étant bien évidemment très
utile pour détecter les métastases.
Cette méthode est plutôt employée dans le cas d’un cancer
des os.