III. Traitement de certains cancers.

 

 

1) La chimiothérapie

 

            Les découvertes de biologie moléculaire, suscitées par le projet 'Cancer' du Président Nixon au cours des années 1970, débouchent aujourd’hui sur de nouveaux axes thérapeutiques n'utilisant plus l'atteinte cytotoxique comme moyen de guérir le malade, mais plutôt le frein de l'évolution métastasique ou du développement des métastases n'entraînant pas obligatoirement la mort des cellules cancéreuses mais réduisant considérablement leur potentiel délétère.

 

Principe :

        La chimiothérapie désigne les traitements médicamenteux ayant pour but la destruction des cellules cancéreuses par des mécanismes non spécifiques.

 

Traitement :

         Tout d’abord, il faut préciser qu’il existe des chimiothérapies très différentes les unes des autres.

Certaines peuvent être administrées par voie orale, d’autres par voie intraveineuse, certaines sont peu toxiques, d’autres le sont plus... .De même, les différentes tumeurs ne sont pas sensibles aux mêmes chimiothérapies.

La chimiothérapie ne désigne donc pas un médicament, mais un principe de traitement qui regroupe un large éventail de médicaments.

            Un traitement par chimiothérapie peut comporter un seul produit (monochimiothérapie) ou plusieurs produits (polychimiothérapie).

            La fréquence d’administration et la durée totale du traitement sont très variables.

La fréquence d’administration dépend du protocole de chimiothérapie choisi par le médecin. Ce peut être une chimiothérapie allant d’une fois par semaine, à la chimiothérapie quotidienne (médicaments par voie orale ou selon un cycle).

De même, la durée totale dépend elle aussi du protocole. Néanmoins, il existe quelques standards. Par exemple, dans les tumeurs du testicule, le nombre de cycles varie en général de 2 à 4. Dans les cancers du sein après chirurgie, on réalise en général 6 cycles de chimiothérapie.

            En ce qui concerne le traitement par voie intraveineuse la durée de perfusion est variable : de 10 minutes à plus de 72 heures, parfois plus. Les perfusions de chimiothérapie peuvent être réalisées à hôpital de jour, permettant ainsi au patient de rentrer chez lui sans le contraindre à passer la nuit à l’hôpital. Une chimiothérapie nécessite une hospitalisation conventionnelle lorsqu’elle dure plusieurs jours, ou bien lorsqu’une hydratation doit être réalisée de façon concomitante. La perfusion peut parfois nécessiter l’implantation de l’injection  dans une veine située au niveau du cou. Ceci est dû au fait que les chimiothérapies abîment les veines (le nombre d'injections est en effet important), et ne peuvent pas être réalisées constamment sur les veines du bras.

 

Effets secondaires :

          Si la chimiothérapie est parfois associée à des effets indésirables, ceux-ci sont en général bien maîtrisés par les médicaments dits de “support“. La mauvaise réputation de la chimiothérapie vient essentiellement de l’époque où il existait peu de médicaments permettant de traiter les effets indésirables.

            La prévention et le traitement d’éventuels effets indésirables passent par la bonne coopération entre le  médecin généraliste et le médecin cancérologue et par la connaissance, par le patient, des attitudes à avoir au cas où ceux ci surviendraient. Il est donc indispensable pour les patients en cours de chimiothérapie d’être suivis en parallèle par un médecin généraliste.                               

            Quelques effets secondaires les plus courants:

                        La chute des cheveux :

          Malgré tous les progrès réalisés, la chute des cheveux demeure un des effets indésirables majeurs de la chimiothérapie. Cependant, toutes les chimiothérapies ne font pas tomber les cheveux.

Si la chimiothérapie fait tomber les cheveux, il est possible de demander un casque réfrigérant au moment de débuter le traitement. Il s’agit d’un casque froid que l’on pose sur la tête le temps de la chimiothérapie. Il semblerait diminuer la perte des cheveux d’après les études cliniques.

Il faut savoir que les perruques sont en partie remboursées par la sécurité sociale.

La chute des cheveux débute dans les semaines suivant le traitement.

                        La toxicité hématologique :

           Les traitements peuvent entraîner une baisse des globules blancs, des plaquettes et des globules rouges.

C’est la raison pour laquelle une surveillance par une prise de sang est en général réalisée en cours de chimiothérapie.

La baisse trop importante des globules blancs peut entraîner une infection. Ainsi, une fièvre survenant après un traitement par chimiothérapie nécessite une attitude spécifique. Il faut donc appeler un médecin (généraliste ou cancérologue) et réaliser une prise de sang en cas de fièvre après traitement par chimiothérapie.

L’attitude à adopter en cas de fièvre est en général fixée par le médecin cancérologue avant l’administration des traitements. En cas de fièvre associée à une baisse importante des globules blancs, on pourra être amené à prescrire des médicaments diminuant la baisse de globules lors des chimiothérapie ultérieures(cycle suivant).

La baisse de globules rouges peut entraîner une fatigue. Si cette baisse est importante, on peut parfois être amenés à réaliser des transfusions. On peut également prévenir la baisse des globules rouges en prescrivant de l’érythropoïétine qui se donne par voie sous-cutanée.

La baisse des plaquettes peut poser, très rarement, des problèmes hémorragiques. Ceux-ci seront prévenus par des transfusions de plaquettes.

 

 

2) La Curiethérapie

 

 

Principe :

           La curiethérapie est une technique d’irradiation consistant à introduire des sources radioactives au contact ou à l’intérieur même de la tumeur. L'avantage de la curiethérapie est de pouvoir délivrer une importante de dose de radiations dans un volume , n'atteignant , en principe si les dosages sont bien fait , qu'une petite partie des tissus sains autour de la tumeur, mais ne causant pas de dégâts sur les organes et tissus voisins.

 

         On distingue 2 méthodes de curiethérapie selon la façon dont sont disposés les éléments radioactifs:

            La plésiocuriethérapie:

 On parle Plésiocuriethérapie lorsque l'on profite des cavités naturelles du corps pour placer les sources radioactives en contact avec les tissus malades (Utérus, bronches, oesophage par exemple).

            L'endocuriethérapie:

Les sources radioactives sont placées a l'intérieur même des tissus cancéreux, comme par exemple pour les cancers du sein, de la langue, de la prostate.

 

Curiethérapie de haute dose et de basse dose :

Il existe 4 types de dosages du rayonnement radioactif:

            Haut débit de dose (HDR):

            Forte dose de radiations pendant quelques minutes, plusieurs fois par semaine. Ce type de traitement ne nécessite généralement pas d’hospitalisation, sauf si la mise en place du matériel non radioactif nécessite une anesthésie générale.

            Bas débit de dose (LDR):

            Les sources radioactives sont laissées en place pendant quelques jours et libère une petite dose de radiations en continue. Ce traitement nécessite une hospitalisation de quelques jours.

            Pulsée

            Un cathéter en plastique est disposé le long des tissus a irradier; des sources radioactives se déplacent à des endroits différents, pour une durée assez courte, variable, permettant d'adapter la dose avec encore plus de précision qu'avec le système classique (en faisant varier la durée d'irradiation, on fait varier la dose). Cette curiethérapie pulsée réalise une irradiation à bas débit.

            Les implants permanents:

            Cette technique s'est beaucoup développée récemment pour le cancer de la prostate et utilise notamment l'Iode 125. Ces grains d'iode sont disposés de façon définitive sous anesthésie. La durée d'application est quasi infinie mais on calcule la dose délivrée par le débit de dose initial et la vie moyenne de l'élément radioactif. Ainsi avec l'iode 125, 50% de la dose totale est délivrée en 60 jours, 75% en 120 jours, 87% après 180 jours.

 

Association de la curiethérapie avec d'autres traitements :

          La curiethérapie ne constitue que rarement un traitement isolé.

Très souvent, il est associé à la chirurgie (par exemple, pour beaucoup de tumeurs gynécologiques), à la radiothérapie externe (associations  en gynécologie ou dans le cancer de la prostate), et plus récemment avec la chimiothérapie.

 

 

3) L’hormonothérapie

 

Principe :

            La multiplication de certains types de cellules malignes est dépendante des hormones. Il s’agit notamment des cancers du sein et de la prostate.

L’hormonothérapie aura pour but de bloquer les hormones de l’organisme pour éviter qu’elles stimulent le cancer.

Dans le cadre du cancer du sein, on bloquera les oestrogènes, et dans le cadre du cancer de la prostate, on bloquera les androgènes.

 

Le traitement :

            Soit il s’agit de bloquer l’action des hormones au niveau des tumeurs, comme c’est le cas avec le tamoxifène, et les anti-androgènes dits « périphériques ».

Soit il s’agit de bloquer la sécrétion d’hormones par les ovaires ou les testicules. Dans ce cas, on peut procéder à une radiothérapie des ovaires, ou à une chirurgie retirant les ovaires (ovariectomie) ou une partie des testicules (pulpectomie).

On peut également procéder au blocage de la sécrétion par l’injection de médicaments par voie sous-cutanée (analogues de la LHRH).

Enfin, et c’est un nouveau mode d’action, on peut bloquer les hormones en empêchant leur transformation dans l’organisme (famille des anti-aromatases). Ceci est pour l’instant appliqué au cancer du sein.

Parfois, on peut également faire appel à de la progestérone comme hormonothérapie.

L'hormonothérapie peut parfois nécessiter un acte chirurgical destiné à retirer les organes, tels les ovaires ou les testicules, qui fabriquent des hormones.

 

 Indications :

            L’hormonothérapie dans le cancer du sein est indiquée lorsque les cellules cancéreuses contiennent les récepteurs aux hormones.

Dans le cancer de la prostate, l’hormonothérapie est indiquée lorsqu’il existe des lésions dans les os ou les poumons.

L'hormonothérapie n'est envisagée que pour les cancers hormonosensibles. C'est une des raisons pour laquelle l'hormonothérapie n'est pas proposée de façon systématique à toutes les femmes qui ont un cancer du sein. La décision de proposer une hormonothérapie dépend:

·                    du fait que le cancer soit hormonosensible

·                    de l'âge de la femme et de son état hormonal (ménopause ou non)

·                    des caractéristiques du cancer qui augmentent le risque de rechute métastatique, comme la présence de cellules cancéreuses dans les ganglions lymphatiques, la taille de la tumeur, son grade.

On appelle ces facteurs, des facteurs de risque de rechute métastatique.

L’hormonothérapie peut également être indiquée chez les patients porteurs de tumeurs localisés, dans des cas bien précis.

 

Effets secondaires :

            Les hormonothérapies sont en général bien tolérées.

Néanmoins, l’hormonothérapie pour le cancer de la prostate est souvent associée à une impuissance. L’hormonothérapie pour cancer du sein peut, quant à elle, entraîner des bouffées de chaleur, un arrêt des cycles menstruels.

Le tamoxifène (médicament utilisé comme hormonothérapie) peut quant à lui entraîner une augmentation des risques de thrombose (caillot de sang dans les veines).

Dans certaines situations, le tamoxifène peut être associé à une augmentation du risque de cancer de l'endomètre.

 

 

 

 

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